dimanche 11 janvier 2015

To be or not to be Charlie (zhat is ze question)




 

Suite à cette semaine folle, le mot qui trend sévère sur l’internet is #JeSuisCharlie.

De par le Monde les gens se sentent concernés, émus, révoltés et placardent leurs avatars, tweets, revers de veste ou T shirt du Slogan « je suis Charlie ».

Et inversement, des voix s’élèvent par rapport à cela.

 Il y a ce qui sont Charlie mais qui pensent que les gens ne savent pas de quoi il s’agit, surtout s’ils n’ont jamais ouverts le journal de leur vie.

D’autres qui refusent de voir des gens ayant des idées opposés aux leurs : Comment peut-on être catholique et être Charlie ? Hérésie !

Etre Charlie, ce n’est pas une chose qui se définit. Bien sûr il y a de grandes lignes, liberté d’expression, de rire de tout, de critiquer par la satire notre monde, ses us et coutumes diverses.

Mais être Charlie c’est comme la vérité, c‘est de multiples reflets et une vision différente selon chaque personne.

Peut-être que certains se déclarent Charlie par effet de masse/mode et ne se sentent pas si concernés.

Oui il va y avoir des abonnements alors que la revue mourait depuis quelques temps et des gens qui vont acheter LE numéro à paraitre parce que symboliquement  c’est fort.

Et oui peut être que comme avant la tragédie du 7 janvier, Charlie pourra retomber dans l’anonymat voir le mépris.

Il peut sembler bon ton de suivre le mouvement plutôt que de continuer à ne pas se sentir « Charlie ».

Et qui a raison ? Qui a tort ?

Chacun voit Charlie à sa porte. Chacun peut exprimer ce que «  être Charlie » représente. Mais forcément il y aura des visions divergentes.

Il est évident, on le sait depuis longtemps, que la mort lave plus blanc et retourne les vestes.

 Toute personne qui décède, s’attire un capital sympathie immédiat, les critiques acerbes se transforment en Hagiographies. Et il est toujours de mauvais ton de salir la mémoire d’un mort.

 Alors imaginez lorsqu’il s’agit d’un lâche assassinat. Impossible de critiquer sans se manger une levée de Boucliers façon Braveheart.

Et là tout à coup ne pas être Charlie ou osez dire que l’on n’est pas Charlie amène  des torrents de critiques.

Par ce que dès qu‘il y a label, il y a clan. Les « je suis » et les «  autres ».

Et dans les autres aussi il y a plein de raisons différentes.

Le « non-Charlie » se retrouve à coté de Jean-Marie Le Pen et donc dans le même panier.

Qu’importe si le mec qui défilera à coté de toi à une manif est peut être un facho intégriste catholique de gauche, il est de ton coté (jusqu’à preuve du contraire). Mais l’autre  non, s’il n’est pas avec toi il est contre toi.

Les « Non-Charlie » se retrouvent dans la peau du musulman qui ne veut pas clamer bien haut qu’il se désolidarise des actes intégristes. Tu ne le fais pas ? T’es un intégriste, c’est sûr. Noir ou blanc, pour ou contre. Pas deux poids, deux mesures ; emballé, c’est pesé avec l'eau du bain et bébé (pour pas qu'il reste dans un coin).

 

Alors qu’il est important d’expliquer pourquoi on est Charlie, pourquoi on ne l’est pas et de rester dans le respect. J’entends des arguments valables et débiles de chaque côté.

Je peux être Charlie et essayer de comprendre pourquoi mon voisin ne l’est pas et pourquoi l’autre l’est sans avoir lu un Charlie de sa vie.

Heureusement dans le monde on peut se sentir concerné par une chose sans la vivre. Sinon faudrait-il être séropositif pour donner au SIDA thon ? Être victime de racisme pour lutter contre ? Être une femme pour être contre le viol et le harcèlement ?

Bien sûr, d’autres personnes paraitront plus «  légitimes », mais il faut toujours respecter et discuter avec compréhension. Oui il y aura des Charlie de 20 jours, des ‘non Charlie’ plus engagés que des Charlie…

 

Chaque Charlie est unique et l’on peut essayer d’éduquer en donnant ses points de vue et en respectant celui des autres.

 

Ce qui m’amène au « nous sommes tous Charlie ».

Et là par contre par définition c’est impossible.

Si à la limite on peut reconnaitre au gouvernement et/ou au président une légitimité à parler au nom du peuple entier, il est par essence évident que l’on ne peut pas défendre la liberté d’expression et parler au nom de tous.

 Quand bien même que la cause est juste, que l’on soit tous d’accord.

La soit disant union nationale que tout le monde souhaite récupérer ou piétiner, ne peut exister qu’informellement.

Dire qu’on est tous Charlie, c’est parler à la place de l’autre, c’est le ranger automatiquement à SA vision.

 C’est simplement imposer uniquement une idée unique, aussi lumineuse soit elle et ça s’appelle de la dictature.

 

Soyez Charlie si vous le voulez mais laisser le monde décider s’il veut l’être et pour quelles raisons. Car l’important est dans sa tête et dans son cœur être en accord et de respecter et de comprendre la position de l’autre. Et si vraiment elle semble terrible, alors de discuter pour la faire évoluer.

Etre Charlie, c’est quelque chose de personnel que l’on peut partager avec son voisin ou la nation…presque entière. Ou pas. Et c’est normal.

 

Et si vous pensez que mon article est trop consensuel  tendance mou et politiquement correct, sachez que vous avez le droit mais que je vous emmerde. ^^

 

Delenda Carthago

 

 

jeudi 8 janvier 2015

Je suis Charlie



Je ne sais quoi écrire.
L’angoisse de la page blanche  pourrait-on penser.
Non, pas exactement.
Sous le coup de la passion de ce 7 Janvier 2015, de nombreuses choses me sont venues à l’esprit. Qui ? Pourquoi ?
Les détails sont encore, au moment où j’écris ces notes, trop flous pour se lancer dans une diatribe visant autre chose que la réalité du fait.

12 personnes sont mortes, assassinées pour avoir participé à un journal satirique ou s’être trouvé sur la route des meurtriers.
Quelles étaient les motivations des tueurs ? C’est encore flou.
La réalité, froide, est là. Des hommes sont morts pour avoir fait un travail satirique, pris leur plume, dessiné.
La réplique en légitime défense doit être proportionnelle à l’attaque.
Personne ne devrait subir des violences et des représailles physiques pour cela.
Des gens ont pris le droit de punir et de tuer des hommes. De froidement leur enlever leur droit d’être sur cette Terre.

Alors je ne sais que dire, quoi écrire.
Parce que je ne peux pas extrapoler, et pourtant c’est ce que je fais par jeu ou par besoin. C’est ce que plein de gens font, médias, lecteurs anonymes, politiques…

Alors je dois aussi me taire pour éviter des commentaires déplacés, non supportés par des faits et pas de simples hypothèses, rumeurs et demi vérités.

Et pourtant la principale raison est que je suis sans voix, la gorge serrée de découvrir ce qu’il s’est passé, ce type de violence qui ramène aux terribles heures des attentats dans le métro. La volonté de terreur cette fois dirigée vers la liberté d’expression, ciblée vers des individus spécifiques.
Un carnage pour quelques dessins, opinions. Rien ne justifie ça.
Cette dure et froide réalité me frappe au ventre et me prend la gorge.
J’ai la nausée et je suis révolté. Je suis comme anesthésié et pourtant une sorte de malaise se saisit de mon corps.

Sur mes rétines s’impriment tous ses avatars noirs qui se multiplient sur les réseaux sociaux. Je scrolle et les voila qui s’alignent. Réunis dans l’horreur, dans l’indicible, dans l’impensable.

Je peine à arriver à exprimer ce que je ressens.
Et je ne sais quoi écrire.
Et pourtant je le dois.
Au-delà des  résolutions de Nouvel An, je me dois encore aujourd’hui plus que les autres jours d’écrire. De lutter contre cette violence qui veut faire taire la voix de la liberté par les plus ignoble des façons.

Je ne sais pas quoi dire ou écrire mais je sais qu’il faut que je fasse entendre ma voix, même un simple murmure perdu dans l’immensité du Net, même si ce n’est que quelques mots.
Sans trop en faire pour l’instant, contraint peut être par les émotions qui m’étreignent.
Peut être pas grand chose mais suffisamment pour lutter et montrer que nous ne céderons pas à l’intimidation et à la violence d’où qu’elles proviennent.

Pas grand-chose à écrire si ce n’est ces 3 mots :
Je suis Charlie.