Je ne sais quoi écrire.
L’angoisse de la page blanche pourrait-on penser.
Non, pas exactement.
Sous le coup de la passion de ce 7 Janvier 2015, de
nombreuses choses me sont venues à l’esprit. Qui ? Pourquoi ?
Les détails sont encore, au moment où j’écris ces notes,
trop flous pour se lancer dans une diatribe visant autre chose que la réalité
du fait.
12 personnes sont mortes, assassinées pour avoir participé à
un journal satirique ou s’être trouvé sur la route des meurtriers.
Quelles étaient les motivations des tueurs ? C’est
encore flou.
La réalité, froide, est là. Des hommes sont morts pour avoir
fait un travail satirique, pris leur plume, dessiné.
La réplique en légitime défense doit être proportionnelle à
l’attaque.
Personne ne devrait subir des violences et des représailles
physiques pour cela.
Des gens ont pris le droit de punir et de tuer des hommes.
De froidement leur enlever leur droit d’être sur cette Terre.
Alors je ne sais que dire, quoi écrire.
Parce que je ne peux pas extrapoler, et pourtant c’est ce
que je fais par jeu ou par besoin. C’est ce que plein de gens font, médias,
lecteurs anonymes, politiques…
Alors je dois aussi me taire pour éviter des commentaires
déplacés, non supportés par des faits et pas de simples hypothèses, rumeurs et
demi vérités.
Et pourtant la principale raison est que je suis sans voix,
la gorge serrée de découvrir ce qu’il s’est passé, ce type de violence qui
ramène aux terribles heures des attentats dans le métro. La volonté de terreur
cette fois dirigée vers la liberté d’expression, ciblée vers des individus
spécifiques.
Un carnage pour quelques dessins, opinions. Rien ne justifie
ça.
Cette dure et froide réalité me frappe au ventre et me prend
la gorge.
J’ai la nausée et je suis révolté. Je suis comme anesthésié
et pourtant une sorte de malaise se saisit de mon corps.
Sur mes rétines s’impriment tous ses avatars noirs qui se
multiplient sur les réseaux sociaux. Je scrolle et les voila qui s’alignent.
Réunis dans l’horreur, dans l’indicible, dans l’impensable.
Je peine à arriver à exprimer ce que je ressens.
Et je ne sais quoi écrire.
Et pourtant je le dois.
Au-delà des
résolutions de Nouvel An, je me dois encore aujourd’hui plus que les
autres jours d’écrire. De lutter contre cette violence qui veut faire taire la voix
de la liberté par les plus ignoble des façons.
Je ne sais pas quoi dire ou écrire mais je sais qu’il faut
que je fasse entendre ma voix, même un simple murmure perdu dans l’immensité du
Net, même si ce n’est que quelques mots.
Sans trop en faire pour l’instant, contraint peut être par
les émotions qui m’étreignent.
Peut être pas grand chose mais suffisamment pour lutter et
montrer que nous ne céderons pas à l’intimidation et à la violence d’où qu’elles
proviennent.
Pas grand-chose à écrire si ce n’est ces 3 mots :
Je suis Charlie.
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