Suite à cette semaine folle, le mot qui trend sévère sur l’internet
is #JeSuisCharlie.
De par le Monde les gens se sentent concernés, émus,
révoltés et placardent leurs avatars, tweets, revers de veste ou T shirt du
Slogan « je suis Charlie ».
Et inversement, des voix s’élèvent par rapport à cela.
Il y a ce qui sont
Charlie mais qui pensent que les gens ne savent pas de quoi il s’agit, surtout s’ils
n’ont jamais ouverts le journal de leur vie.
D’autres qui refusent de voir des gens ayant des idées
opposés aux leurs : Comment peut-on être catholique et être Charlie ?
Hérésie !
Etre Charlie, ce n’est pas une chose qui se définit. Bien sûr
il y a de grandes lignes, liberté d’expression, de rire de tout, de critiquer
par la satire notre monde, ses us et coutumes diverses.
Mais être Charlie c’est comme la vérité, c‘est de multiples
reflets et une vision différente selon chaque personne.
Peut-être que certains se déclarent Charlie par effet de
masse/mode et ne se sentent pas si concernés.
Oui il va y avoir des abonnements alors que la revue mourait
depuis quelques temps et des gens qui vont acheter LE numéro à paraitre parce
que symboliquement c’est fort.
Et oui peut être que comme avant la tragédie du 7 janvier,
Charlie pourra retomber dans l’anonymat voir le mépris.
Il peut sembler bon ton de suivre le mouvement plutôt que de
continuer à ne pas se sentir « Charlie ».
Et qui a raison ? Qui a tort ?
Chacun voit Charlie à sa porte. Chacun peut exprimer ce que «
être Charlie » représente. Mais forcément il y aura des visions divergentes.
Il est évident, on le sait depuis longtemps, que la mort
lave plus blanc et retourne les vestes.
Toute personne qui
décède, s’attire un capital sympathie immédiat, les critiques acerbes se transforment
en Hagiographies. Et il est toujours de mauvais ton de salir la mémoire d’un
mort.
Alors imaginez lorsqu’il
s’agit d’un lâche assassinat. Impossible de critiquer sans se manger une levée
de Boucliers façon Braveheart.
Et là tout à coup ne pas être Charlie ou osez dire que l’on
n’est pas Charlie amène des torrents de
critiques.
Par ce que dès qu‘il y a label, il y a clan. Les « je
suis » et les « autres ».
Et dans les autres aussi il y a plein de raisons différentes.
Le « non-Charlie » se retrouve à coté de
Jean-Marie Le Pen et donc dans le même panier.
Qu’importe si le mec qui défilera à coté de toi à une manif
est peut être un facho intégriste catholique de gauche, il est de ton coté (jusqu’à
preuve du contraire). Mais l’autre non, s’il
n’est pas avec toi il est contre toi.
Les « Non-Charlie » se retrouvent dans la peau du
musulman qui ne veut pas clamer bien haut qu’il se désolidarise des actes intégristes.
Tu ne le fais pas ? T’es un intégriste, c’est sûr. Noir ou blanc, pour ou
contre. Pas deux poids, deux mesures ; emballé, c’est pesé avec l'eau du bain et bébé (pour pas qu'il reste dans un coin).
Alors qu’il est important d’expliquer pourquoi on est
Charlie, pourquoi on ne l’est pas et de rester dans le respect. J’entends des
arguments valables et débiles de chaque côté.
Je peux être Charlie et essayer de comprendre pourquoi mon
voisin ne l’est pas et pourquoi l’autre l’est sans avoir lu un Charlie de sa
vie.
Heureusement dans le monde on peut se sentir concerné par
une chose sans la vivre. Sinon faudrait-il être séropositif pour donner au SIDA
thon ? Être victime de racisme pour lutter contre ? Être une femme
pour être contre le viol et le harcèlement ?
Bien sûr, d’autres personnes paraitront plus «
légitimes », mais il faut toujours respecter et discuter avec
compréhension. Oui il y aura des Charlie de 20 jours, des ‘non Charlie’ plus
engagés que des Charlie…
Chaque Charlie est unique et l’on peut essayer d’éduquer en
donnant ses points de vue et en respectant celui des autres.
Ce qui m’amène au « nous sommes tous Charlie ».
Et là par contre par définition c’est impossible.
Si à la limite on peut reconnaitre au gouvernement et/ou au
président une légitimité à parler au nom du peuple entier, il est par essence évident
que l’on ne peut pas défendre la liberté d’expression et parler au nom de tous.
Quand bien même que
la cause est juste, que l’on soit tous d’accord.
La soit disant union nationale que tout le monde souhaite
récupérer ou piétiner, ne peut exister qu’informellement.
Dire qu’on est tous Charlie, c’est parler à la place de l’autre,
c’est le ranger automatiquement à SA vision.
C’est simplement
imposer uniquement une idée unique, aussi lumineuse soit elle et ça s’appelle
de la dictature.
Soyez Charlie si vous le voulez mais laisser le monde
décider s’il veut l’être et pour quelles raisons. Car l’important est dans sa
tête et dans son cœur être en accord et de respecter et de comprendre la
position de l’autre. Et si vraiment elle semble terrible, alors de discuter
pour la faire évoluer.
Etre Charlie, c’est quelque chose de personnel que l’on peut
partager avec son voisin ou la nation…presque entière. Ou pas. Et c’est normal.
Et si vous pensez que mon article est trop consensuel tendance mou et
politiquement correct, sachez que vous avez le droit mais que je vous emmerde.
^^
Delenda Carthago