jeudi 19 septembre 2013

The sense of insanity ( ou quid du bijoutier de Nice ?)

C'est toujours difficile de parler 'à chaud' d'une affaire qui est en cours, sans qu'il n'y ait eu encore d'instruction, de procès et de jugement prononcé (et encore moins d'appels).
Je n'irai pas dans le fond de l'évènement tragique qui de vol à main armée à fini par la mort d'un des présumés braqueurs par sa présumée victime, le bijoutier de Nice (qui d'ailleurs semble être assez habitué à se faire braquer s'il est bien le seul de sa profession pour une si grande ville mais passons cette pointe d'humour noir.)
Pas de jugement encore rendu et je n'irai pas débattre du bien fondé ou non de l'action du bijoutier, tout comme je n'irais pas tenter de justifier les actions de chacun.
Je condamne évidement toutes formes de crimes et je comprends très bien quelle a pu être la réaction du bijoutier lors de son agression, qui l'a amené à faire ce qu'il semble avoir fait.
Laissons la justice faire son travail.

Enfin si l'on peut car l'un des noeuds du problème semble bien être le sentiment d'injustice et d'impunité qui frappe les commerçants et le peuple qui semble s'exprimer à travers les réseaux sociaux.
Loin de moi l'envie d'accabler ce pauvre bijoutier mais c'est surtout la réaction que provoque cette affaire sur le net qui me trouble et me pousse à écrire.
Par curiosité malsaine, je suis allé voir la page facebook de soutien du dit bijoutier.
Et voilà à ma stupeur que un certain nombre de mes contacts (amis est le mot officiel mais bon) ont liké. Certains sans trop de surprise et d'autres plus. Et même un membre de ma famille.
Et je me demande ce qu'ils ont pu "apprécier". Je comprends que l'on puisse soutenir quelqu'un dans une épreuve, qui a été agressé, victime de violence physique. C'est bien normal. Chacun est libre de ses opinions et de ses combats.
Ce qui me chagrine , c'est de savoir où se situe exactement le soutien de chaque personne. Car si on parle de la loi sur les récidives et les peines plancher et que sais je encore, j'ai quand même la désagréable impression que le fond du débat et du soutien reste sur le droit fondamental de se faire vengeance soi même.


Alors j'entends les arguments de prise en main de la justice, lutter et ne pas se laisser faire, montrer que le vol ne pourra pas être sans conséquence si chacun réagit et contre-attaque.

J'ai l'impression de voir le débat de la peine de mort encore et toujours... Mais si,ça va dissuader les gens de faire ces crimes mon bon monsieur....

Et je comprends très bien le besoin et la soif de justice et les pulsions de violence qui peuvent s'emparer d'une personne qui a été agressé ou a été témoin d'une scène violente.
Mais est ce que le million + de likeur ont tous aussi été proches de ce genre d'expérience ?
Sont -ils tous des gens qui ont réagi à froid car si le bijoutier était en plein rush d'adrénaline, combien de personnes ont -elles pris le temps de réfléchir aux conséquences de chaque parole et geste même sur internet, de se rallier à un soutien où se trouvent des personnes qui vont jusqu’à limite appeler au lynchage, au dégommage à vue ( et ma foi s'ils sont arabes en plus...).
Je sais bien que c'est dur mais j'ai l'impression qu'il est plus difficile d'essayer de se retenir d'exercer des actions violentes que de céder à la loi du Talion.
Chaque like de cette page semble être ue goutte d'huile qui tombe sur le feu qui attise la violence.
Alors oui ceux qui ont vécu (ou vivent) des agressions savent que c'est dur de subir ce sentiment que la loi (et/ou la police et/ou les politiques) ne font pas assez leur travail et donne un sentiment de colère et d'injustice qui tord le ventre. Mais quand bien même exploser la tête de la personne qui a causé du tort semble faire du bien, avance t'on vraiment dans la bonne direction ? La violence amènera t'elle une solution à la violence ? Est ce que les futurs braqueurs avec des lois plus dures et l'idée que chaque commerçant  soit armé comme dans un film de Cameron et capable de se défendre va les faire réfléchir et empêcher d'aller braquer des commerces ? Faut il rétablir la peine de mort pour dissuader ces gens ? N'y a t'il pas un risque que les braqueurs deviennent plus violents au final et tirent dans le tas dès que le commerçant bougera les mains ?

Je n'ai pas la réponse, peut être que personne ne l'a.
L'une de mes seules certitudes c'est que le net aidant, les idées circulent plus et les gens se lâchent plus grâce à un certain anonymat. Et que chaque réaction à chaud et chaque commentaire ne condamnant pas la violence, quel que soit le côté d'où elle provient, ne fait qu'amplifier le climat de violence et d'insécurité que certains semblent sentir de plus en plus proche d'eux, à juste raison ou pas. Et finit par devenir partie du problème.

Delenda Carthago qu'il disait...

dimanche 8 septembre 2013

Sans contrefaçon (passage d'un après midi d'automne à Bercy)

En route pour la cinémathèque afin de (re)voir probablement mon Renoir préféré, French Cancan, je passe donc par Bercy et son palais omnisport avec son lot de personnes en attente. Rapide indentification aux T shirts et au style.
"-C'est pour une place pour Mylène Farmer ?
-Non c'est pour une Jean Renoir."

14H15 et la queue est déjà longue pour la fosse.
Plein de sacs de couchage, couvertures de survie, fans en attente depuis un certain temps pour voir leur idole sur scène.

Flash forward de 1H50 : sortie de film, la queue est toujours plus longue, des gens continuent d'affluer, avec même des jeux pour patienter. Et plus en plus de personnes avec des petits panneaux, certains à la recherche d'une place et beaucoup d'autres pour en revendre.
J'ai beau m'éloigner du Palais omnisport, on vient vers moi me proposer des billets.
"- Pour qui ?
-Mylène Farmer. Sans contrefaçon , je suis un garçon" le scalper me dit dans un sourire.

1, 2, 3, 4 , 5 , 6  scalpers (ouuups pardon je voulais dire personne ne pouvant pas se rendre au concert et tentant de revendre leur place au dernier moment devant la salle...Bummer. Je n'ai pas osé demander le prix)

En descendant les escaliers du métro, jusqu'en bas dès la sortie des tourniquets, des propositions.

Parti rejoindre la ligne 14, je dévale gaiement l'escalier où en bas, une vieille femme attend un carton à la main.
Tout est bon pour être sûr d'avoir une place ou d'en vendre une, pensais-je..

J'arrive en bas et je vois l'inscription sur son panneau.

'J'ai faim . Merci'

J'ai eu honte.