vendredi 2 janvier 2009

Hey you, out there in the cold...

Ce matin il a neigé. C’était beau, mignon. Et sur le trajet comme d’habitude des Sans Domicile Fixe, des clochards, des sans abris qui font la manche dans les couloirs du métro voir dehors.
Et ça fait mal, ça fait mal de voir qu’on puisse débourser des cents et des mille lorsque les banques flanchent mais les gens dehors alors que c’est un problème existant depuis des années et que le dernier candidat en date nous avait promis plus personne dehors pour 2008. Enfin, on passe devant, on a le cœur serré, on tente un sourire, un « bonne année » (et après on se demande pourquoi je n’aime pas fêter les vœux…) dérisoire car même si il est pensé du fond du cœur (ce qui est censé être l’intérêt des vœux), ça restera moins efficace qu’un peu d’argent, une couverture ou bien de l’aide vers le samu social au 115.
Alors on se sent coupable d’acheter un magazine, un dvd, des ipod ou autres quand on croise ces anonymes qui pourtant deviennent familier à force de les croiser.
Et souvent avec une horreur certaine on les oublie, ils redeviennent invisibles hors champ de vision. On reprend le cours de notre petite vie, les soucis remontent à la surface et tel le poisson rouge on oublie vite en se disant que finalement on a de la chance.
Loin de moi l’envie de vouloir faire de la provocation gratuite mais je dois bien avouer qu’il y a un effet persistant et salvateur à croiser un sdf.
Car au-delà effectivement d’avoir ce miroir de ce qui pourrait être si le malheur s’abattait sur nous, si il y a le reflet de notre bonne santé, du toit sur nos têtes et de nos immeubles chauffés aux réfrigérateurs remplis, on a surtout un indicateur d’humanité.
Oui on éprouve de la honte, oui on se rend compte de notre chance, oui on a peur que ça nous arrive. Et c’est bien. C’est le degré zéro de la rencontre avec la misère de nos rues. Au delà il y a le geste, la parole qui aide à resocialiser, l’obole donnée pour aider, les conseils, les dons de couverture, les chambres payées, les appels au 115, les aides dans les foyers d’accueil, l’engagement volontaire…
Mais au niveau zéro, il y a la honte, la colère, la révolte, le sentiment pur d’injustice et de compassion qui frappe – même fugacement- les intestins et le cœur.
Car si jamais ce niveau zéro n’est même plus atteint, si on ne ressent plus rien ou alors du mépris ou de l’indifférence alors c’est là que la situation devient très grave.
N’oubliez pas le 115 si vous croisez des gens qui dorment dehors.

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