samedi 15 novembre 2014

Pale traces ( ou comment une Oeuvre d'Art en dit long sur Paris)



Je m’insurge contre cet édifice qui va défigurer notre belle capitale. Ne me parlez pas de ça même si c’est provisoire. Il est inconcevable d’avoir cet immense objet phallique, cette turgescence immonde défigurer ne serait-ce qu’un mois notre belle capitale. Qu’on la démonte illico presto !

Et donc au non de l’esthétisme et de la moralité, nous venons non pas de perdre un arbre de Noël coquin et moche vert pomme mais la Tour Eiffel, gigantesque phallus d’acier qui est devenu l’emblème à travers le monde de la Ville Lumière.
Certes on va concéder que cela ne ressemble pas vraiment à un objet purement sexuel qui aurait pu faire de nous la capital des gays et utilisateurs de plug anal de géant vert du Monde.

Mais le principe est là. Nous sommes en face de réactions vis à vis d’une œuvre d’Art.

Alors oui il faut se rappeler que l’Art est une question multiple qui sert à beaucoup de chose et à rien au final.
Cela sert à plaire, avoir un coté esthétique et ça sert aussi à avoir un coté réactif.
 L’art a but de faire réagir la personne qui est en présence. Cette réaction est d’ordre multiple, questionnement, réflexions, admiration, haine, dégoût, amour, syndrome de Stendhal.

Quelque soit l’intention de l’auteur, chaque œuvre sera confrontée à des réactions diverses.

Avec l’histoire du Paul McCarthy, on a un bel exemple.

 Est-ce que le gros truc vert immonde mi arbre / mi plug anal a fait réagir ?

Il est clair que oui.
 Déjà de la partie de l’érection de la structure gonflable, on a parlé de cela y compris dans les média étranger.
 Alors oui les ‘bien-pensants’ (qui apparemment savent ce qu’est un plug anal) estime que cela défigure la capitale, c’est indécent, immoral, affreux, inutile et toute la palette que l’on puisse imaginer.
C’est leur droit le plus strict d’avoir une opinion, un avis, un goût et de le faire connaître.

Là où le bas blesse, c’est lorsque l’on devient violent dans ses réactions. Injures, insultes, agressions verbales et physiques et dégradation de l’œuvre.

Alors que l’on trouve cela inutile, on ne peut être plus loin de la vérité puisque justement l’œuvre fait réagir, ce qui est l’un de ses intérêts principal.

Ce qui même valide de plus la démarche artistique est la violence des réactions. Plus la réaction est forte plus l’œuvre est pertinente.
La provocation pour la provocation peut sembler inutile et stupide (et elle l’est d’un certain sens) mais de part l’intensité des réactions, l’œuvre prouve bien qu’elle frappe des clivages forts. 
Une œuvre qui laisse indifférent perd grandement de son attrait artistique.

La réaction est d’autant plus forte qu’elle réussit, a défaut de plaire esthétiquement (c’est quand même très moche), de démontrer que notre société (parisienne) reste très bloquée sur ce qui est sexuel.

J’en veux pour preuve l’affaire Diane Ducruet (en autre)
Des personnes se sont trouvées choquées par une image d’une mère ‘mangeant’ le visage e son enfant.
7 lettres de protestations ont été envoyées et l’œuvre (qui était dans la thématique de l’intime.. fallait choisir les fleurs peut être) a été retirée de peur d’être vandalisée.
Alors la question qui nous agite n’est pas tant de savoir si l’image est pornographique, incestueuse, hérétique, impie ou plus si affinités.
Ce débat là, il est normal de l’avoir.
Non mais pour l’avoir faudrait il encore avoir la confrontation de l’œuvre.
Hélas les propriétaires de la galerie ont décidé d’éviter un futur scandale et saccage de l’œuvre ou de la galerie et ont donc décroché la photographie.

7 demandes et pouf sans explication, sans débat, sans consultation, sans confrontation et explication de l’artiste, on vire une œuvre.
Où en est on arrivé  pour que l’on saccage des œuvres d’Art ?
Qui peut décider de détruire, de mutiler, de casser une œuvre sous prétexte qu’elle est offensante ?
Pourquoi ne pas peinturlurer l’origine du monde ?
Pourquoi ne pas mettre un coup de burin dans les burnes du David de Michel Ange ?
L’Art est là pour refléter la société et la bousculer, la faire réfléchir sur elle-même.
Où en sommes nous arrivé pour que l’on soit obligé d’être d’une provocation flagrante pour faire réagir et que cette réaction soit aussi véhémente ?
Violence physique pour répondre soit disant à la légitime violence de l’Art.
Menaces et peur irraisonnées qui poussent à retirer des œuvres plutôt qu d’engager la discussion.
Oui le plug anal de Noël était laid et moche. Et pourtant oui c’était une œuvre d’Art car elle  a fait réagir.
Une amie ne disait que ce n’était pas une perte pour l’humanité. Je me dois d’être d’un avis et de recourir à la violence plutôt qu’au dialogue.
Qu’est-ce que notre Art contemporain dit alors de nous et de notre société ?

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